Un tour dans les Pouilles, ça vous botte?

#Puglinesia [prononcer: pouljynésia] est un mot inventé par mon ami Francesco, habitant de cette région d’Italie, aussi appelée « Puglia » par les indigènes et rapidement identifiée cartographiquement comme le « talon » de la botte. Plus précisément, on parle ici de la région du Salento.

Contraction de Puglia et de Polynésie, cela vous donne une idée de la couleur et la transparence de la mer qui vient caresser ses côtes, tantôt rocheuses et crantées, tantôt sableuses étalées sur une courbe douce.

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Souvent protégées par une langue de nature riche d’une palette de pinèdes et dunes -hors des centres urbains- les lys sauvages en parfument l’air saumâtre.

Et si vous choisissez bien votre plage en fonction du vent (demandez à votre hôte, lui il sait), vous plongerez dans une mer si crystalline que vous verrez votre ombre sur le fond de sable blond et ridé.

Ceux qui y sont nés ont un lien visceral avec cette mer/mère qui les nourrit de moules (mais pas de frites, ici), d’oursins, de poulpes.. – et je vais m’arrêter là sinon je vais faire une liste des produits ichtyologiques de ces deux Mers qui la bordent: Ionienne & Adriatique.

De deux mois à 99+ ans, ils s’y baignent, de mars à novembre…Et ça, ça dit déjà tout!

Oui, oké, évitez quand même d’y aller la première quinzaine d’août lorsque toute l’Italie est en transumance estivale pour célébrer le Ferragosto – ou ‘Feriae Augusti’.

Le 15 août est, dans le Sud, plus important que Noël et il est alors presque impossible de trouver deux mètres carrés pour poser votre serviette, ne parlons pas de voir la mer à travers les files de parasols…

L’idéal étant d’y aller en juillet, ce qu’on a fait.  Ou fin septembre, après les orages de fin de canicule.

Ce que ce mot, Puglinesia, ne raconte pas, ce sont les saveurs intenses et vraies de sa nourriture, qui a poussé sur une terre brune et riche, dont les goûts ont été concentrées par un soleil ami de la vie. Continuer la lecture de Un tour dans les Pouilles, ça vous botte?

Tokyo, atterrissage.

Arriver à Tokyo, c’est atterrir dans une autre dimension. Et cela commence dès que vous sortez de l’aéroport pour prendre le train vers la ville.

Déjà, il faut savoir quel train et quel guichet! On a beau s’être informés avant, quand on arrive là et que 90% des textes sont des petits dessins très jolis mais incompréhensibles à l’européenne que je suis…et bien il y a quand même un petit moment de grande solitude.

Bon, MadameCiao n’a pas dormi sur l’avion, est jetlaggée, d’accord, mais on ne va pas se laisser abattre, surtout quand on a des prétentions de globe trotter dans des endroits bien moins civilisés par la suite.

Mode ‘Problem Solving ON’…Screening des alentours immédiats, analyse de la structure environnante et de la dynamique des flux de personnes, recherche rapide d’une logique qui interconnecterait logos, couleurs, …matcher les guichets avec les compagnies de transport…Je me lance et m’approche à un guichet où je reconnais le pingouin à fond vert, symbole de l’équivalent de notre Mobib (Navigo pour les FR), ici appelé Suica. Bon, au moins j’aurai ma carte de métro hein.

Je fais la file -ici on fait la file pour tout -bien rangés comme des sushis- et puis, lumière! Le gentil Môssieur-San parle anglais 🙂

Et du coup je reçois tout ce qu’il me faut comme explications : ma carte à Pingouin, mon ticket pour l’Express Liner vers la ville et un petit reçu. Le tout déposé respectueusement des deux mains dans un petit plateau au fond en poils caoutchouteux.


Je n’ai rien lu à ce propos dans le bouquin ‘Japan Étiquette’ prêté par un ami, mais l’omniprésence de ce plateau à monnaie dans tout type de commerce, du bouiboui à croquettes du marché, jusqu’aux comptoirs chicos de Mitsuoki à Ginza (équivalent local des Galeries Lafayette), me fait penser qu’il doit y avoir quelque chose derrière le fait de ne pas se passer de billet de main en main, mais plutôt de le déposer, respectueusement, avant que l’autre part impliquée dans la transaction ne le prenne.
Express Line, transbord vers le métro, un changement.   Il est 20:00 heure locale, dans ma tête..je ne sais plus.

Yess, les noms des stations sont écrits en anglais, comme la signalétique principale et les lignes de métro ont non seulement un code-couleur, mais également un ingénieux système de ‘code’ qui identifie la station. M17 pour la Tokyo Station.

Il n’y a pas grand monde à cette heure-ci, mais je me rends compte rapidement que les flux-piètons ont quelque chose qui cloche.
En fait, c’est moi qui suis à contre-courant, comme un koï qui se prendrait pour un saumon et remonterait le courant en faisant des Bubbhulles (poke Alain).

Ce n’est qu’en voyant plus tard les voitures avec le volant à droite (réminiscence de la présence Brit’ sur l’île) que je réalise que tout le reste est inversé aussi: on reste debout à gauche sur l’escalator, qui lui est sur la gauche pour monter. On se croise donc par la droite sur les trottoirs et surtout surtout dans les gares, si on ne veut pas se faire transporter malgré soi vers la sortie au lieu du quai, et bien…marche à gauche.

Ceci, avec le fait de n’arriver à RIEN décoder de ce qui est écrit en japonais participe à la sensation d’être retombée en enfance, quand on ne connaît encore rien aux règles et que les livres sont des objets mystérieux. Et même pire, certains dogmes chez nous, tels que l’interdiction absolue de faire du bruit en mangeant…et bien, sont ici signe d’appréciation.

Cela fait un sacré coup de gym à l’esprit, qui doit ajouter une nouvelle partition au disque dur là haut.

Mind blowing.

« But you like mind blowing experiences » commente un ami. Effectivement 😉
Et ce n’est que le début.

J’arrive sous une fine pluie au Tsubaki Hotel réservé via Booking (50€/nuit hors saison), dans le quartier tranquille et un peu décentré de Ueno. Immeubles à deux étages, vélos garés. 

Ma chambre fait 12m2 à tout casser, optimisés jusqu’au moindre recoin.

Y sont disposés, en toute harmonie feng-shui agréable: deux lits confortables avec kimonos bien pliés et tongs en paille, évier avec tout ce qu’on peut souhaiter quand on est une fille aux cheveux rebelles, minibar, coin à thé, cabine douche ample, toilette-Rolls Royce (j’y reviedrai) et une panoplie de boutons pour l’illumination/ventilation/chauffage. Plus efficaces que les Parisiens en termes d’optimisation d’espace!

Je me roule en maki sous la couette et savoure déjà les prochaines découvertes.