Le réveil à sonné à 5:45 ce matin…et c’est pour une bonne raison.
Daisuke Sasaki, notre guide qui, nous le découvrons en cours de séjour, est un pro de renommée internationale aussi connu sous le nom de « The Flying Japanese » pour ses sauts de compèt’ en ski, est venu avec son mini-bus pour le ramassage ‘scolaire’.
Nous sommes à Hokkaido, l’ïle principale plus au nord de l’archipel du Japon où j’ai rejoint mes amis et le joli groupe multilingue fou de ski de randonnée qui est à l’origine de mon voyage en terre Nippone.
J’ai du bol!
Mon arrivée sur l’île à commencé par une journée à Kokusai, Sapporo où j’ai pu faire un ‘échauffement’ sur les pistes de Kokusai avec le snowboard gentiment prêté par l’épouse de Daisuke (elle aussi à son temps championne de half-pipe qui a construit elle même son board) pendant que les autres, avec deux jours supplémentaires dans les jambes, ont fait montées/descentes avec les peaux, un peu plus haut.
Et j’ai eu du bol aussi, car à midi, je suis tombée par hasard sur une marmite: c’est en remontant des yeux une longue file -comme on en voit partout ici- et en voyant les skieurs repartir avec un bol en polystyrène fumant, baguettes à la main, que j’ai découvert qu’aujourd’hui il y avait une distribution gratuite de ramen.
Ni une ni deux, me voilà dans la file.
Il faut dire qu’il fait frisquet et un peu d’antigel ne fait pas de mal pour aller ensuite dévaler les pentes sur 1,5m de belle neige tassée, recouverte à son tour d’1m de poudreuse! C’est que les Jap’ ils maîtrisent l’excellence. Même leur neige est top!
Notre Daisuke nous a bien organisé ça: après la journée sportive, nous avons terminé par la partie relax: Onsen (Spa à la japonaise) avec bains extérieurs et diner sushi.
Mais pas n’importe comment les sushi: nous avons eu droit au Chef perso pour notre groupe.
Tous assis sur le traditionnel tatami, les jambes pas vraiment habituées à la seiza (position assise sur les talons, le dos des pieds face au sol) nous avons commencé par des sashimi: c’est comme cela que nous avons goûté de la -pas très politically correct- baleine, parmi d’autres poissons plus ‘classiques’.
Ensuite est arrivé le sushi-Master qui s’est installé à une table basse à côté de la notre.
Grande planche, couteau aiguisé comme un sabre qui pourrait couper un cheveu en quatre, plateau de filets de poissons et crustacés variés, riz vinaigré tiède dans la traditionnelle écuelle en bois, petit monticule de wasabi et livre de feuilles d’algues nori …pour nous préparer nos sushis à la demande.
Chaqu’un choisit son poisson et, le temps de dire ‘kampaï’, que d’un habile jeu de prestidigitateur….voilà les trois pièces de sushi en file harmonieuse sur l’assiette rectangulaire. Heureusement qu’il était plus rapide à les faire que nous à les manger 😉
Avec un petit saké, si besoin était, pour faire descendre cette belle journée.
Mais ça, c’était hier.
Revenons donc à nos moutons, ou mieux, à nos flocons.
Car si à Sapporo il y avait un bon mètre dans les rues, ce matin nous nous dirigeons vers Kamifurano pour une journée de randonnée.
4 heures de route, d’où le départ sous un ciel encore parsemé d’étoiles.
Oui oui, c’est les mêmes que chez nous, sauf qu’ici elles sont toutes en file et roulent à gauche (je rigole!)
Comme le dit le dicton Italien, « il mattino ha l’oro in bocca » (littéralement, le matin à l’or en bouche…autrement dit, le monde est à ceux qui se lèvent tôt).
Celui-ci nous a offert une journée magnifique a commencer des les premiers rayons de soleil qui se sont levés entre les branches des bouleaux bordés de bambous, qui tentent de garder la tige haute et ne pas (trop) se plier sous le poids du bon mètre de neige qui les recouvre.
Tout est blanc autour. Même la route.
Bien que déneigée du gros, une bonne croute de gel la recouvre. Mais nous, on n’a pas froid aux yeux: le van de Daisuke est équipé de pneus de neige dignes d’un ours polaire en caterpillar, et tient la route comme sur des rails du Shinkansen.
Et des rails, j’en suivrai une bonne partie de la matinée: tout le groupe étant en ski de randonnée, ils créeront la trace que je suivrai -raquettes aux pieds et snowboard sur le dos- pour monter presque jusqu’en haut du Mont Tokachi, un volcan en activité dont la dernière éruption date de 2004 (bon à savoir!) qui se trouve dans le Parc National du Daisetsuzan.
Il faut dire que ce n’est pas une mince affaire car en dessous, la neige, malgré le tassage des skis avant moi, s’affaisse sous la répartition inégale du poids sur les raquettes de neige, ce qui m’oblige à une belle session de ‘step’. Je teste la profondeur avec mes bâtons hors trace…heuuu, ils s’enfoncent complètement…je ne pousse pas plus loin, au risque de les voir engloutis par ces flots de poudreuse!
Et malgré les -15°C, après 10 minutes je suis prête à me déshabiller, tant ça chauffe!
Comme quoi les Italiennes, ça sait démarrer à froid aussi :-p
Le paysage est magnifique: nous avançons entre les sapins et les bouleaux (oui ici il y a ce type d’arbres) chargés de neige au début, pour arriver ensuite sur un océan de poudreuse scintillantes sous un ciel bleu porcelaine.

Et au bout, le chapeau du Mont Tokachi, fumant de soufre, qui vient chatouiller nos narines avec son charmant parfum d’œuf pourri au fur et à mesure qu’on monte.
On s’habitue vite à l’odeur.
Pas au paysage, éblouissant de beauté dans son immensité immaculée.
Et la récompense de descendre en flottant vaut toujours l’effort de la montée.

Ceci-dit, pour cette première expérience, je m’en tiendrai à un seul tour de manège en me disant que la prochaine, je la fais avec les skis!
Je laisse le groupe continuer à son rythme et descend vers le refuge Fukiage.
Je pose tout le matos dégoulinant de neige par terre et, juste au moment où je me dis que ce serait sympa de trouver une pièce chaude pour se changer…la petite dame derrière le comptoir me demande si j’ai besoin de louer une serviette pour le onsen.
Quoi, il y a un onsen ici?!? Dans cet endroit perdu où seulement les randonneurs fous de neige viennent?
Et bien oui, et le plus beau que j’ai vu jusqu’ici: en plus des traditionnels bains à eau thermale à différentes températures, ici il y a aussi des bains à bulles réalisés selon le modèle de la chaise longue LC4 de Le Corbusier. Si ce n’était qu’on risque de se noyer en d’endormissement, je me serais bien laissée aller à un petit somme…flottant.
Mais la cerise sur le gâteau, ou la serviette sur la tête si on veut, sont les bains extérieurs: formés par des rochers et entourés d’arbres qui semblent tartinés de pâte à marshmallow glacée, les ‘piscines’ d’eau à 42°C créent une vapeur irréelle au contact avec l’air gelé.
Le regard se pose sur la dentelle de sommets blancs au loin.

Chaque cellule se détend et ce ne seront que les doigts fripés comme lorsque j’avais 6 ans et je ne voulais pas sortir de la mer en Sardaigne à me forcer à sortir.
J’emporterai avec moi cette sensation de petit nuage qui couronne une journée parfaite. Et je suis reconnaissante d’avoir pu la vivre.
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