Laurino: Liqueur noble de laurier-sauce

A la fin de l’été, les feuilles du laurier-sauce ou Laurus Nobilis (à ne pas confondre avec le laurier-rose décoratif, lui toxique: voir ICI comment les distinguer) sont chargées d’arômes du soleil.

Séchées elle apporteront un rayon de soleil à vos plats d’hiver, dans un bouquet-garni est l’exemple plus connu.

Mais là c’est le moment de les cueillir et de les utiliser fraîches pour en faire une liqueur digestive qui n’a rien à envier à son cousin le Limoncello.

Le Laurier Noble pousse bien à nos latitudes dans un coin bien exposé au soleil, même dans un carré potager.

Il est également une plante médicinale aux vertus reconnues depuis les temps anciens. En Italie on conserve d’ailleurs la tradition de cintrer d’une couronne -faite de ses branches- la tête des étudiants terminant l’université: “Lauréat” vient …de là!

Une des utilisations très bucoliques du laurier est l’infusion dans de l’alcool afin d’en faire une liqueur digestive d’un beau vert vibrant.

La recette n’est pas compliquée mais demande un peu de patience: il faut en effet une trentaine de jours pour que les arômes et les principes du laurier soient extraits.

À vos flacons!

Recette

  • 20-30 feuilles de laurier noble, rincées et essuyées
  • 1 Litre d’alcool alimentaire à 95/98*
  • 1,5 litres d’eau
  • 350g de Sucre blanc

Dans un bocal qui ferme hermétiquement, déposer les feuilles de laurier propres.

Verser dessus le litre d’alcool et veiller à ce que les feuilles restent submergées.

Garder le bocal dans un endroit frais et sombre pendant 30 jours et une fois pasemasemaine, secouer son contenu.

Les feuilles ont cédé leur belle couleur verte

Au bout des 30 jours: mettre l’eau dans une casserole et y ajouter le sucre. Chauffer jusqu’à ce que le sucre soit dissous, sans faire bouillir le mélange.

Laisser bien refroidir.

Pendant ce temps, filtrer avec une étamine l’alcool du bocal qui aura pris une jolie teinte verte.

Lorsque le sirop sera froid, l’ajouter à l’alcool infusé.

Vous pouvez mettre en bouteille directement ou laisser le mélange dans le bocal: dans les deux cas votre liqueur doit reposer encore un mois avant d’être consommé…avec parcimonie!

Canicule? Sortez avec Hugo, effet kiss-cool garanti

Tout est question d’étalonnage…32°C correspond à « canicule » en Belgique – et tout le monde s’agite, en s’échauffant encore plus. En Italie 32°C, ça s’appelle simplement « été » 😉

Et quand il fait chaud, on adopte la Fresh-attitude en adaptant son alimentation et ses boissons à la chaleur: exit donc les plats riches (beurre, crème, lard, fritures) et les boissons trop alcoolisées…on fait le plein de fruits & légumes hydratants – pas sûre que la tranche de concombre du GinTo compte, hein!

Même le sacro-saint « Spritz » peut taper un peu fort sur le neurone, surtout quand on en aligne deux ou trois verres sous le soleil de midi, dans le Midi.

C’est donc là que Hugo fait son coming-out.

Déjà, on tombe amoureux de son fond fleuri au Sirop de Sureau (« maison », recette par ici) qui donne en passant un petit kick de sucre – à consommer avec modération. Ensuite viennent les effets Kiss et son frisson essentiel de brins de menthe et Cool, avec son prosecco coupé à l’Eau-pèt. Tout cela sur quelques beaux glaçons ou garçons, c’est selon, dans le même type de verre que vous utilisez habituellement pour le Spritz: un grand verre à vin rouge, style ‘piscine’.

Vous voilà Hype & Hygge à frimer sous le soleil aoûtien.

Hugo est né dans le Alto-Adige/Italie dit-on, d’un barman qui s’ennuyait de devoir faire des Spritz à longueur de soirée. La version originale prévoyait du sirop de mélisse et du prosecco dilué en quantité égale avec de l’eau pétillante, mais la version qui s’est répandue est celle avec le sirop de fleurs de sureau, plus facile à trouver….genre chez IKEA, si vous avez loupé la saison pour en faire vous-même!

Ingrédients, par verre

  • 3-4 glaçons
  • 15cl Prosecco Extra-Dry
  • 3cl Sirop de Sureau
  • Une bonne rasade de Selz ou d’Eau pétillante
  • 2 brins de menthe du jardin
  • 1 tranche de citron ou de lime

Remuer, coiffer le tout d’une paille -ici, en bambou de chez PalüMyanmar, ou en papier de chez HEMA vu qu’il y a déjà assez de plastique qui traîne, et…boire avant que tous les glaçons ne fondent…mais vous allez voir, ce n’est pas difficile!

Les enfants apprécieront la version ‘Virgin cocktail’ en remplaçant le prosecco par du jus de pomme pétillant ou simplement de l’eau avec des bulles.

Santeï!

Voix hors-champ: recette écrite avec sagesse, à consommer avec modération 😉

Pressez-vous, c’est l’heure du Limoncello

Incontournable de l’été et grand cliché des restaurants italiens avec nappeenpapieràcarrésrouges et bouteillesdeChiantiempailléesauplafond…il Limoncello vient souvent adoucir « il conto » (l’addition).

Si son goût solaire peut être vite addictif de la papille, certaines versions commerciales cheap, truffées d’arômes artificiels peuvent vous le faire payer très cher – le lendemain de la veille- et vos penchants pour le digestif en prennent un coup…qui ne passe plus trop.

Alors pour être sûrs de rester frais comme une rose, sans l’arrière-goût chimique de MrPropre et surtout pour savourer toute la complexité des saveurs méditerranéennes du citron dans un vrai Digestif de qualité, faites votre propre potion d’été avec cette recette super simple!

L’ingrédient clé, Ze Citron, doit être impérativement Bio et non traité, sinon vous allez vous faire un sacré jus de pesticides et autres crasses! Rendez-vous donc dans un magasin bio, en vrac si possible, histoire de limiter les emballages plastiques.

Si vous êtes à Bruxelles: Le Marché Bio des Tanneurs ou The Barn Bio Market sont d’excellentes options. D’autant plus que leurs citrons viennent souvent de Sicile où ils ont bien bronzé: vous imaginez déjà ce goût de soleil sur vos papilles…? 😉

Le Limoncello doit maturer un mois, il est donc grand temps de lancer votre production!

Recette pour approx 3 litres

  • 1 L alcool alimentaire à 95° (en grande surface en Belgique)
  • 6 beaux citrons Bio non traités, rincés à l’eau et séchés
  • 1100g sucre – blanc, de canne ou mascobado: au plus il est foncé au plus le sera également votre Limoncello.
  • 1,5 litres d’eau minérale plate

Jour Zéro – lorsque vous commencez:

Pelez entièrement les citrons avec un épluche-patates en veillant à ne prélever que l’écorce du fruit, sans partie blanche qui donnerait de l’amertume.

Mettez dans un grand bocal en verre qui puisse se fermer (capacité au moins 3 litres) le litre d’alcool et les écorces des citrons. Notez dessus la date de démarrage, histoire de vous y retrouver.

Laissez reposer dans un endroit sombre pendant 4 ou 5 jours.

Jour 5

Préparez le sirop :

Versez les 1100g de sucre dans une casserole avec 1,5 L d’eau minérale ou filtrée.

Portez doucement à ébullition sans remuer.  Dés que tout le sucre a fondu, éteignez le feu et laissez BIEN REFROIDIR.

Quand le sirop est FROID, versez-le dans le pot avec les écorces. Attention, si vous versez le sirop chaud sur l’alcool…il y a risque d’évaporation (ce serait dommage) ou pire de brûlures. Soyez donc patients! 😉

Laissez reposer le mélange alcool-écorces-sirop pendant 2-3 heures.

Ensuite, filtrez avec un chinois et retirez les écorces (que vous pouvez recycler dans votre gin-tonic en attendant que votre breuvage soit prêt) et mettez le Limoncello en bouteille/s.

Entreposez les bouteilles dans un endroit sombre, frais et sec pendant au moins 1 mois, afin que la liqueur ‘mûrisse’….si vous tenez jusque là!

A servir frais en fin de repas en attendant d’aller faire un tour dans les Pouilles cet été 😉

Une tasse d’Asie: Lemongrass & Cannelle

Certains ramènent de leurs voyages des magnets, un T-shirt du HardRockCafé local, une conquête, des boules dans lesquelles il neige sur le monument du jour…Moi je ramène des recettes qui ont émerveillé mes papilles: ça à l’avantage de pouvoir être partagé, pour vous faire savourer un petit peu la magie du voyage, sans bouger de votre cuisine.

Celle-ci à été une vraie découverte…on en est tous devenus addict au point que j’en fais désormais 3 litres à la fois et elle se boit avec le même plaisir en version froide ou chaude.

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Atterrie sous la « contrainte » à Phuket -moi qui déteste les endroits Torremolinostyle- car le mont Augung balinais avait décidé de cracher le morceau, j’ai été accueillie à l’Hostel Baan Kamala par un grand verre très frais de ce « Lemongrass tea », comme ils l’appellent.

Ce breuvage servi en ice-tea, au parfum frais et chaleureusement épicé à la fois et à la couleur de Rhum7ans, m’a fait oublier en un clin d’œil le sac à dos désormais plein à ras-bord et la traversée de Patong avec ses Happy-ending-massages qui ne sont clairement pas ma tasse de thé!

Le temps du check-in…j’en ai descendu cul sec deux verres d’affilé et ensuite j’ai pris l’habitude d’en redemander un shoot à chaque passage en face de la Réception…quitte à sortir faire le tour du pâté juste pour avoir l’excuse 😉

L’hôte étant Sud-Coréen j’hésite à identifier les racines (Thaïlande ou Corée ?) de cette décoction-infusion de tiges de citronnelle et de cannelle qui semble être une variante améliorée du Nahm Takrai thaï (thé à la citronnelle simple).

Par contre, avant de repartir pour le bon vieux plat pays (celui de Brel, une fois), je me suis faite expliquer dans les détails la recette que j’ai testé illico presto pour soigner mon mal d’Asie.

Et oui, parce-que en plus d’être délicieux, ce thé est bon pour votre corps!

On m’a vanté un effet amincissant (qui reste être éprouvé…), par contre la cannelle est bien connue pour son effet régularisant la réponse glycémique (donc l’absorption du sucre), améliore les nausées et la digestion, donne de l’énergie en cas de fatigue et selon une étude récente, réduit la progression de la maladie d’Alzheimer.

La citronnelle elle, est connue et utilisée en Asie pour sa multitude de propriétés: anti bactérienne/fongique/amèbe, boostant le système immunitaire contre les maux d’hiver (refroidissement, rhume, fièvre), antioxydantes et analgésiques (réduit la douleur). Elle améliore la digestion, les crampes abdominales, régule le transit intestinal, le cholestérol et la pression sanguine. À un effet calmant et aurait même des propriétés anticancéreuses qui sont en cours d’étude.

Et puis, surtout, ce thé est délicieux et grace à une longue infusion de la cannelle qui lui donne une saveur douce, en ce qui me ne nécessite aucun « sucre ».

Chaud en hiver, au goûter, après un repas copieux ou en version thé-glacé / ice-tea ou même à température ambiante….si vous aimez la saveur, vous allez devenir accro!

Attention quand même, si vous êtes enceinte, avez des ulcères ou si vous prenez des médicaments pour le diabète: demandez l’avis de votre médecin 😉

Recette

Pour 1,5 litres de thé:

  • 3 tiges de Lemongrass (en magasin asiatique pour de plus grandes quantités)
  • 1,5 bâtons de 5-7cm d’écorce de cannelle. Achetez des bâtons, pas de la poudre…car vous ne pourrez pas la filtrer ensuite.
  • 1,5 L d’eau filtrée ou de source, idéalement
  • Mortier

Versez l’eau froide dans votre casserole.

Dans un mortier, écrasez avec le pilon la citronnelle à cœur: cela permet aux arômes et huiles essentielles de se dégager.

Si vous n’avez pas de mortier, pratiquez des entailles au couteau, diagonalement à la tige en les espaçant de 1cm.

Mettez la citronnelle dans votre casserole d’eau froide que vous porterez doucement à ébullition, avec un couvercle. (Sniffez le bon parfum de temps en temps 😉 )

Entre-temps écrasez dans le mortier les bâtons de cannelle, pour les réduire en de gros morceaux…pas en poudre!.

Laissez frémir la citronnelle 15-20 minutes ou jusqu’à ce que le liquide passe de vert clair à une couleur cuivrée-brune claire. Vous avez fait une décoction=bouilli la plante.

Coupez le feu, ajoutez maintenant la cannelle concassée et laissez infuser.

Moi je laisse le tout refroidir (même une nuit entière) et puis je filtre: j’obtiens ainsi la saveur douce de la cannelle et peux donc me passer de sucre.

Mais si vous préférez une saveur de cannelle moins présente, vous pouvez filtrer le tout au bout de 15-20 minutes d’infusion.

Chez nous, vu le rythme auquel ca part, j’en fais par casseroles de 3 litres (donc double doses) que je met ensuite dans des bouteilles en verre qui peuvent aller au frigo…ou pas 😉

Un tour dans les Pouilles, ça vous botte?

#Puglinesia [prononcer: pouljynésia] est un mot inventé par mon ami Francesco, habitant de cette région d’Italie, aussi appelée « Puglia » par les indigènes et rapidement identifiée cartographiquement comme le « talon » de la botte. Plus précisément, on parle ici de la région du Salento.

Contraction de Puglia et de Polynésie, cela vous donne une idée de la couleur et la transparence de la mer qui vient caresser ses côtes, tantôt rocheuses et crantées, tantôt sableuses étalées sur une courbe douce.

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Souvent protégées par une langue de nature riche d’une palette de pinèdes et dunes -hors des centres urbains- les lys sauvages en parfument l’air saumâtre.

Et si vous choisissez bien votre plage en fonction du vent (demandez à votre hôte, lui il sait), vous plongerez dans une mer si crystalline que vous verrez votre ombre sur le fond de sable blond et ridé.

Ceux qui y sont nés ont un lien visceral avec cette mer/mère qui les nourrit de moules (mais pas de frites, ici), d’oursins, de poulpes.. – et je vais m’arrêter là sinon je vais faire une liste des produits ichtyologiques de ces deux Mers qui la bordent: Ionienne & Adriatique.

De deux mois à 99+ ans, ils s’y baignent, de mars à novembre…Et ça, ça dit déjà tout!

Oui, oké, évitez quand même d’y aller la première quinzaine d’août lorsque toute l’Italie est en transumance estivale pour célébrer le Ferragosto – ou ‘Feriae Augusti’.

Le 15 août est, dans le Sud, plus important que Noël et il est alors presque impossible de trouver deux mètres carrés pour poser votre serviette, ne parlons pas de voir la mer à travers les files de parasols…

L’idéal étant d’y aller en juillet, ce qu’on a fait.  Ou fin septembre, après les orages de fin de canicule.

Ce que ce mot, Puglinesia, ne raconte pas, ce sont les saveurs intenses et vraies de sa nourriture, qui a poussé sur une terre brune et riche, dont les goûts ont été concentrées par un soleil ami de la vie. Continuer la lecture de Un tour dans les Pouilles, ça vous botte?

Asahidake. 70 degrés plus loin, Yangon.

Quand on est fous de neige…on en profite jusqu’à la dernière traînée de poudreuse.

Le dernier jour, après un petit déjeuner traditionnel au Ryokan Yukomanso, rien n’a réussi à nous dissuader de dévaler encore une fois les pentes du Mont Asahidake: ni les conditions météo disons, hemm, pas vraiment idéales avec un joli -22°C au thermomètre, ce qui avec le vent donnait une température ressentie de -40°C (!!), ni les gros flocons avec visibilité nulle, ni l’avion Asahikawa-Tokyo qui décollait à 19:30 le soir même.

Il faut dire que la présence de notre guide Daisuke Sasaki à fait toute la différence: il connaît chaque flanc de la montagne comme ses poches et à mon avis, serait capable de descendre les yeux fermés sans aucun souci.

C’est d’ailleurs plus ou moins ce que nous avons fait pour la première partie de la matinée car on avançait dans une purée de pois (de soja) à travers laquelle même le Arva ne serait pas trop passé.

Mais la satisfaction de monter, en défiant les éléments, pour ensuite descendre en flottant sur une couette de plumes givrée vaut toutes les fesses gelées du monde.

Heureusement qu’au bout de la journée était prévu le rituel Onsen qui nous a permis de nous réchauffer et nous rhabiller proprement pour nous envoler vers nos destinations respectives.

Yangon, Birmanie pour moi. L’atterrissage se fera, à quelques 70°C ressentis d’écart…

GoGo, oeuf de Goléand et Gondole à Iwate

C’est le soir de mon arrivée à Osaka, il y a quelques semaines de ça, que se tenait le traditionnel dinner-party du mercredi au très friendly Small Tree Hostel.

J’avais décidé de loger en mode back-packer (lit superposé dans dortoir mixte) et surtout je suis arrivée avec l’envie de bavarder un peu plus que les ‘konnichiwa’ et ‘arigato gozaimass’ qui constituaient ma communication quotidienne jusque là.

Débarquée du Shinkansen avec le solstice d’hiver, il fesait moche: il pleuvait et mon sac à dos me pesait, comme un peu la solitude, ce jour-ci.

C’est donc avec grande joie que j’ai accueilli l’invitation de Yuri, le petit bout de femme hyper concentrée d’énergie et de pétillant qui gère l’hostel (après avoir elle-même voyagé partout en sac à dos) à participer à ce qui est devenu une institution: le Dinner & Party du mercredi.

Ce soir c’était « Do it Yourself Sushi » et c’est avec tout le naturel du monde que je me suis retrouvée, sabre de Ninja-chef à la main, au poste de découpe ‘légumes et omelette’ dans la cuisine ouverte, pendant que thon, saumon & co étaient levés en filets par les experts locaux.

Entre-temps, la vapeur douce qui se dégageait du dashi (bouillon de bonite, sardine séchée et algue Kombu) annonçait une petite soupe miso maison réconfortante.

C’est ainsi que j’ai atterri dans le groupe assez hétéroclite de nationalités et d’âges formé non seulement des hôtes de l’auberge (japonaise, pour le coup) : Australo-Vietnamien, Sud-Américain, Lillois-Japonisé, Canadien, Coréenne, Allemand-étudiant à Tokyo, …mais également de toute une série de profils sympathiques dont le calligraphe Soyamax (artiste de l’image d’en-tête) qui orbitent régulièrement autour de cet endroit dont la chaleur va au-delà de la table « kotatsu » chauffante.

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Après un karaoke en groupe qui n’a jamais vu le jour (ni la nuit d’ailleurs) j’ai fait la connaissance de Hirofumi: nous nous somme trouvés dans l’empire du milieu linguistique.

Entre son anglais initial et mon japonais inexistant nous avons quand même réussi à parler bouffe et desserts.

Il faut savoir que les japonais ont la dent sucrée et que chaque région a sa spécialité traditionnelle de « wagashi »: en général des douceurs à base de mochi (pâte de farine de riz sucrée) farcies de crèmes à base de haricots (souvent rouges, appelés « an »), mais une énormité de variantes existent.

Ces confiseries sont également offertes lorsqu’on rend visite à quelqu’un: et donc dans chaque gare et sur chaque quai, des échoppes proposent aux voyageurs distraits qui l’auraient oublié les spécialités locales, joliment emballées dans plusieurs couches de papier. Car la présentation fait la moitié du cadeau!

Et il se trouve que la baby-face de manga avec qui j’ai discuté en a fait son métier et exporte dans le reste de l’ïle de Honshu les spécialités de sa région, la préfecture de Iwate.

C’est comme ça que quelques jours plus tard j’ai très fièrement reçu mon premier cadeau japonais: des Oeufs de Goéland!    ….Ou Kamome no Tamago, pour ceux qui pratiquent.

Au début extrêmement perplexe par l’appellation de la chose -ici on peut trouver de tout dans son assiette…je m’étais donc préparée, l’esprit explorateur, à des vrais œufs- je découvre avec joie qu’ils n’en ont que la forme.

Et que ces petits gâteaux ont en réalité un cœur à base de haricots blancs sucrés, entouré d’une couche de gâteau-biscuit, lui-même enrobé d’un glaçage blanc.
Extrêmement délicieux!

Les premiers 4 sur la boite de 9 se volatiliseront à une vitesse incroyable 😉

De fil en aiguille je découvre ensuite que la région de Iwate se trouve sur mon parcours en train pour remonter vers Hokkaido, rejoindre mes amis au ski.
Hors des sentiers battus par les touristes, cette région qui allie vie rurale et production de composants électroniques se trouve tout au nord, dans cette partie de l’île moins connue si ce n’est pour la tristement célèbre Fukushima (à 300km plus au sud).

Et c’est comme ça que je suis invitée à en découvrir la beauté par Hirofumi qui, en guide attentionné, me plongera au cœur de la culture de sa terre natale.

La visite commence par un délicieux petit-déjeuner à base de petites boules de mochi, accompagnées de sauces différentes, de droite à gauche et de haut en bas (pour voir si vous êtes attentifs, et …dans le même ordre qu’on lit le japonais): sésame noir appelé ‘goma’, fèves de edamame sucrées, crème de noix, crème de haricots rouges azuki. Avec un bon thé matcha bien mousseux et les immanquables ‘pickles’ qui donnent le fameux goût umami.

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Ensuite, un tour en ‘pole boat’ ou la version locale de la gondola vénitienne: dans une 50aine de centimètres d’eau, des larges barques à fond plat glissent doucement sur la rivière qui parcourt la Gorge de Geibikei, d’un vert d’émeraude troublé uniquement par les canards qui se bagarrent les ‘croquettes’ que nous leur lançons.

La barque, aménagée pour l’hiver avec une longue table kotatsu et une ‘serre’ qui protègent du froid et de l’air, est pilotée et poussée à force de bras par les gondoliers qui manient avec agilité une longue perche en bambou.

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Sur les côtés, les flancs raides des roches qu’on dirait sortis d’une estampe, prennent ci et là des semblances humaines.

Tout au bout de la gorge, une esplanade en gravier nous permet de continuer la remontée de la rivière de quelques dizaines de mètres encore.

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C’est là que nous pourrons choisir 10 ‘cailloux’ en terre cuite, estampillés avec différents symboles (chance, prospérité, santé, amour, etc) qu’il nous faudra tenter de lancer dans un creux sur la parois pour voir notre vœux se réaliser: après quelques misérables tentatives de « lancé » de ma part, qui atterrissent invariablement dans l’eau après des trajectoires improbables (j’ai beaucoup de qualités, mais clairement pas celle-là! 😉 ), je cède mes galets à Hirofumi qui, entrainé au base-ball obtient plus de points que moi….et les applaudissements des présents!

Nous repartons pour le parcours inverse, cette fois-ci accompagnés par un très ancient chant traditionnel aux sonorités particulières, que nous chantera le guide, en laissant glisser les notes avec les silences entre nos pensées, au fil de l’eau.

Un moment hors du temps.

 

C’est ensuite vers le Chuson-Ji Temple à Hiraizumi (Unesco World Heritage) que nous nous dirigeons: sur les traces du poète Matsuo Basho (grand maître du haiku) et lieu sacré du Konjiki-dō (金色堂) ou ‘Temple d’Or’….sous la première neige qui se pose dans un silence respectueux sur les toits de chaume des pagodes en hibernation.

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Mais avant de repartir, c’est à la chasse aux œufs que je vais aller: une boîte de Kamome no Tamago sous le bras à offrir à mes amis qui m’attendent à Sapporo, pour partager avec eux cette trouvaille savoureuse.

Et une photo-souvenir avec la mascotte de la région!

Thank you Hirofumi, I’ll be back soon 🙂

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Happy New Sweet 2017

Parce-que le Japon est un arc-en-ciel de surprises, d’étrangetés et de trucs « kawaï » (= mignons), en descendant Takeshita Street à Harajuku, je n’ai pas résisté à la vue de ça!!


Concentré de tout ce que je bannis en temps normaux de mon alimentation (i.e. sucre, colorants & arômes artificiels) – mais c’est Nouvel An on peut faire exception- je me suis faite plaisir avec ce Barbapapa multicouches en Arc-en-Ciel.

Plus pour pouvoir le « voir » faire que pour le shoot papillaire hyperchimique que mon corps demandera rapidement à diluer avec un bon demi-litre d’eau par la suite.

Qu’à cela ne tienne, en mode régressif, mon barbapapa multicolore à la main et un sourire en banane, je me sens Happy et Grateful de terminer cette année tant particulière pour moi dans un endroit si spécial, qui plus est en compagnie de mes Amis chéris qui viennent de me rejoindre!

Et depuis le pays du Soleil Levant, en avant première (8h à  l’avance sur le Central Brussels Time) je vous souhaite une année 2017 à l’instar de cette gourmandise: Douce, Colorée, Joyeuse et faisant sautiller de bonheur votre enfant intérieur 🙂

***Sweet Happy New 2017***

Love,

MadameCiao
Le making-of….

Chic, le Shinkansen à 300 km/h (et Fuji en prime)

Le Shinkansen, c’est un train qui ressemble à un avion.

Mais qui est beaucoup mieux qu’un avion.

Car on ne vous emmerde pas avec les 100ml de liquides maximum et ‘non madame vous ne pouvez pas emporter votre Saint Félicien car il est coulant et donc non-solide et donc je dois le réquisitionner’ et être là 2h avant et le screening sécurité où limite si on vous déshabille complètement et ne pas perdre son billet car il faut le montrer 10 fois et ‘madame il n’y a plus de place en cabine, nous allons mettre votre bagage en soute’… et sans parler des embouteillages pour y arriver, à l’aéroport!

Bref, le train, c’est bien. Le Shinkansen, c’est zen.

Surtout si vous avez un JR Pass que vous avez acheté avant de partir. Ou alors vous avez un budget ‘transport’ considérable, car une traite d’une 1/2 heure peut coûter allègrement 60€ (en 2e).

 

 

Mais ‘first things first’, commençons par le début.

Le Shinkansen, aussi appelé Bullet Train, veut littéralement dire ‘Nouvelle Ligne Principale’ car sa construction à débuté en 1964 (!!!) avec le premier tronçon de 500km entre Tokyo et Osaka.

Il dessert aujourd’hui 20.000 km et peut arriver à une vitesse de pointe de 320 km/h sur certaines lignes.

Ce qui en language touriste, veut dire que vous pouvez explorer TOUT le Japon en train!

Car au delà des lignes rapides, le JR Pass couvre l’essentiel du réseau national, ce qui vous permet d’arriver jusque dans des bleds perdus comme Hotaka, lorsque je suis allée visiter la ferme de wasabi.

Avec une ponctualité inouïe: les haltes en gare ne durent que quelques minutes et vous avez intérêt à être déjà à la porte si vous sortez, ou, bien alignés devant le marquage au sol qui indique exactement où s’arrêtra votre voiture (wagon, en Belge) pour pouvoir monter immédiatement une fois les autres passagers débraqués.

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Avec un meilleur confort qu’un Airbus 380, car ici, plein de place pour les jambes, une double prise pour charger vos joujoux électroniques (que vous ne devez pas mettre en ‘mode avion’, par contre on vous demande de téléphoner dans les cabines entre les voitures) et des sièges dont le dossier est basculable selon que vous préfériez voyager dans le sens de la marche ou pas. Équipés de toilettes hyperpropres (à ce propos, #Thalys ferait bien d’aller faire un tour pour voir comment s’améliorer) et avec des messages défilants + audio tant en japonais qu’en anglais. Il n’y a pas encore de Wi-Fi gratuit à bord, mais c’est le cas dans la majorité des gares.

Avec une petite madame, tablier fleuri croisé dans le dos, qui passe avec son chariot et vous propose boissons chaudes, bentos et parfois même glaces.

Et avant de passer dans la voiture suivante, elle se retourne vers les passagers et…s’incline gracieusement en un ‘light bow’ respectueux. À toutes les voitures. À tous les passages. Et les chefs de train, pareil.

Seul hic: et bien, à moins de traverser tout le Japon dans sa longueur en une seule fois, les trajets…se terminent trop vite. Et du coup on a envie d’en reprendre un autre!

Ce qui est vite décidé, grâce à l’App ‘Hyperdia’ -à ne télécharger que lorsque vous arrivez car elle est gratuite 30 jours à partir du downloar, après c’est payant- qui vous fournit les itinéraires et corréspondances compatibles avec votre JR Pass. (Merci Dédé)

Et ça a donné: Tokyo, Nagano (Hotaka), Matsumoto, Kyoto, Osaka, Nara, Osaka, Koyasan, Osaka, Naoshima, Hiroshima, Miyajima, Himeji, Hakone (vue sur Fuji), Tokyo.

Et ensuite, vers le nord, à Hokkaido…où je vais troquer les rails pour d’autres traces…de poudreuse, en snowboard!

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Et si vous voulez voir le Mont Fuji sans bouger le petit doigt, prenez le Shinkansen entre Shizuoka et Tokyo et asseyez vous du côté gauche par rapport à la marche du train: si nuages et brumes ne sont pas de la partie, vous aurez droit à son joli chapeau tout blanc (en Hiver).

Noël dans un Temple Bouddhiste

En bonne Italienne, la période de Noël est pour moi synonyme de moment où toute la famille se réunit et l’on prépare ensemble les plats traditionnels tels que les « Agnolotti al Sugo di Arrosto » (ravioles avec une farce de rôtis, patiemment préparés par LaMamma et servis avec le jus du rôti de veau au lait) en bavardant dans la cuisine, pendant que les petits neveux courent autour du sapin et essayent de caresser le chat qui, lui, n’est pas du même avis.

Amour & Bouffe. La frontière entre les deux étant très floue.

D’ailleurs, mes cadeaux de Noël à mes proches de cœur avant de partir, c’était ça:

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Alors cette année, vu que je suis loin de ma famille et de l’autre côté de la terre, qui plus est dans un pays dont les religions Bouddhiste, Shintoïste et Catholique cohabitent allègrement, je me suis dite que, tant qu’à faire, j’allais la faire complètement différemment.

Depuis Kyoto, après avoir vu Nara et son Buddha géant -Daibutsu- assis au beau milieu de son Parc rempli de Bambi qui vous chipent votre goûter (Todaji Temple & Nara Park), j’ai décidé d’aller me retirer sur le Mont Koya.

Koyasan est un endroit sacré où le moine Kobo Daishi, aussi appelé Kūkai, une des plus grandes figures religieuses du Japon aujourd’hui vénéré en tant que bodhisattva, a fondé ici l’école Shingon du bouddhisme ésotérique en 816.

Il serait entré en méditation éternelle il y a plus de 1000 ans dans ce qui est aujourd’hui son Mausolée, situé tout au bout de la splendide allée sous les cèdres centenaires de Okunoin où se suivent tombes et stèles recouvertes d’une mousse vert brillant.

Bref, un peu notre ‘San Pietro’ à Rome.

Plusieurs temples offrent une solution d’hébergement aux visiteurs qui sont arrivés jusqu’ici, à presque 1000 mètres s.n.m. après un voyage en train/cablecar-hyper-raide/bus/marche.

Cela s’appelle un ‘Shukubo’ et en plus du logement, un à deux repas (généralement le petit déjeuner) selon la traditionnelle cuisine végétarienne bouddhiste appelée shojin-ryori (sans viande,poisson, ail ni oignon) sont inclus.

Via Booking, j’ai ainsi trouvé le « Fukuchi-in », magnifique temple entouré d’un jardin zen avec onsen (bain thermal / salle de bain commune) interne & externe.

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Et vu que c’est Noël, je me suis faite plaisir et j’ai fait péter le champagne -façon de dire, car ici, c’est au thé que j’ai festoyé avec me, myself & I- et me suis offerte une belle chambre traditionnelle avec tatami, futon et tout et tout.

Et un repas du 24 soir digne d’un sumo…végétarien!
Sur ce, je dois tirer mon bonnet en pilou bien bas au chef, car avec tant de ‘sans’ (viande, poisson, ail etc) le repas qui m’a été servi avait une variété de textures et de saveurs s’approchant de celles absentes et travaillées avec la qualité d’un étoilé.
Le tout en petites portions pour pouvoir tout goûter, superbement présentées dans des porcelaines ou laques choisies pour mettre en valeur le met.

J’ai découvert ensuite, que le tout est également équilibré du point de vue nutritionnel pour apporter au corps tous les nutriments essentiels. Bouillons vitaminés, protéines végétales, légumes fermentés, algues et alginates en tout genre, tempura de champignons et autres petits légumes sauvages, et toujours la petite prune umeboshi qui fait du bien au boubou aussi.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont inventé le Goma-tofu. Un tofu fait à base de sésame broyé en poudre impalpable (cette tâche ingrate était attribuée aux novices qui « devaient se faire les os ») et de kuzu, pour son pouvoir épaississant. Leur apportant la quantité nécessaire de calcium assimilable et de vit.E.

Du même aspect que l’insipide tofu mou que nous connaissons tous, celui-ci à une saveur délicate de sésame et se mange à peine trempé dans un peu de tamari, avec du wasabi frais râpé dessus.

Un vrai délice: je tenterai la préparation au retour dans ma cuisine.

Ils ne mangent pas si mal les moines!

Parmi les autres activités proposées, une séance de calligraphie: le recopiage des Sutras (prières) à l’aide d’un pinceau de calligraphe est un exercice très relaxant.

Assis par terre devant un petit pupitre, le moine distribue des feuilles avec le motif à parcourir (et dans mon cas, en plus, une traduction du Sutra en anglais pour que je comprenne ce que je retranscris). Chaqu’un ajoute sur sa feuille son ‘souhait’ (wish), son nom et la date. Puis commence le retraçage des caractères japonais qui pour moi s’apparentent à des dessins, de droite à gauche s’il vous plaît. J’ai beau m’efforcer, je n’en reconnais et identifie les sons que de quelques-uns.

Mais ce n’est pas le but, et l’exercice a un effet apaisant.

A la fin de la séance, toutes les feuilles sont recueillies dans une boite en bois. Et la prière rituelle du matin suivant sera adressée à éxhaucer les ‘whish’ consignés sur les papiers.

C’est d’ailleurs comme cela que j’ai commencé la journée du 24 décembre: réveil à 05:30 et à 6:00 avec les moines dans une brume d’encens qui s’est estompée avec les premiers rayons de soleil de cette froide journée d’hiver.

Ah oui. Détail important. Si les chambres sont chauffées par des réchauds au gaz/airco, le seul autre endroit ‘chaud’ dans un temple en hiver, c’est le Onsen.

Le reste, étant ouvert aux quatre vents ou alors séparé par une feuille en papier, est à peine à quelques degrés en plus que la température extérieure. Qui ces jours-ci était à 4°C.

Et quand les toilettes sont au fond du loong couloir gelé…et bien on y pense deux fois à sortir de sa couette la nuit. C’est d’ailleurs dans ces cas là qu’on apprécie toute l’utilité de la lunette de WC chauffante!!!

Il faut savoir à ce sujet, qu’en été le Japon est hyper-chaud, 40°C faciles, et très humide.

Les japonais partant du principe très pragmatique que, quand il fait froid, on peut toujours se couvrir, mais l’inverse n’est pas vrai…et bien toutes les constructions sont étudiées pour maximiser la circulation d’air et garder la structure fraîche en été (juillet-septembre).

Et tant pis si il fait froid en hiver, on rajoutera une couche de plumes.

Le double vitrage on ne sait pas ce que c’est….Ah oui, et pas de ‘chauffage’ tel que nous le connaissons avec des radiateurs.

Mais cela est plus lié aux tremblements de terre fréquents: donc tuyauteries réduites au minimum indispensable, souvent apparentes pour pouvoir repérer facilement une fuite.

Il en va de même avec les câbles électriques dans les rues, qui pendent généralement en de joyeux gribouillis de fils. C’est plus facile à reconnecter si il y en a un qui lâche pour une secousse un peu plus forte.

Smart.

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