Noël dans un Temple Bouddhiste

En bonne Italienne, la période de Noël est pour moi synonyme de moment où toute la famille se réunit et l’on prépare ensemble les plats traditionnels tels que les « Agnolotti al Sugo di Arrosto » (ravioles avec une farce de rôtis, patiemment préparés par LaMamma et servis avec le jus du rôti de veau au lait) en bavardant dans la cuisine, pendant que les petits neveux courent autour du sapin et essayent de caresser le chat qui, lui, n’est pas du même avis.

Amour & Bouffe. La frontière entre les deux étant très floue.

D’ailleurs, mes cadeaux de Noël à mes proches de cœur avant de partir, c’était ça:

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Alors cette année, vu que je suis loin de ma famille et de l’autre côté de la terre, qui plus est dans un pays dont les religions Bouddhiste, Shintoïste et Catholique cohabitent allègrement, je me suis dite que, tant qu’à faire, j’allais la faire complètement différemment.

Depuis Kyoto, après avoir vu Nara et son Buddha géant -Daibutsu- assis au beau milieu de son Parc rempli de Bambi qui vous chipent votre goûter (Todaji Temple & Nara Park), j’ai décidé d’aller me retirer sur le Mont Koya.

Koyasan est un endroit sacré où le moine Kobo Daishi, aussi appelé Kūkai, une des plus grandes figures religieuses du Japon aujourd’hui vénéré en tant que bodhisattva, a fondé ici l’école Shingon du bouddhisme ésotérique en 816.

Il serait entré en méditation éternelle il y a plus de 1000 ans dans ce qui est aujourd’hui son Mausolée, situé tout au bout de la splendide allée sous les cèdres centenaires de Okunoin où se suivent tombes et stèles recouvertes d’une mousse vert brillant.

Bref, un peu notre ‘San Pietro’ à Rome.

Plusieurs temples offrent une solution d’hébergement aux visiteurs qui sont arrivés jusqu’ici, à presque 1000 mètres s.n.m. après un voyage en train/cablecar-hyper-raide/bus/marche.

Cela s’appelle un ‘Shukubo’ et en plus du logement, un à deux repas (généralement le petit déjeuner) selon la traditionnelle cuisine végétarienne bouddhiste appelée shojin-ryori (sans viande,poisson, ail ni oignon) sont inclus.

Via Booking, j’ai ainsi trouvé le « Fukuchi-in », magnifique temple entouré d’un jardin zen avec onsen (bain thermal / salle de bain commune) interne & externe.

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Et vu que c’est Noël, je me suis faite plaisir et j’ai fait péter le champagne -façon de dire, car ici, c’est au thé que j’ai festoyé avec me, myself & I- et me suis offerte une belle chambre traditionnelle avec tatami, futon et tout et tout.

Et un repas du 24 soir digne d’un sumo…végétarien!
Sur ce, je dois tirer mon bonnet en pilou bien bas au chef, car avec tant de ‘sans’ (viande, poisson, ail etc) le repas qui m’a été servi avait une variété de textures et de saveurs s’approchant de celles absentes et travaillées avec la qualité d’un étoilé.
Le tout en petites portions pour pouvoir tout goûter, superbement présentées dans des porcelaines ou laques choisies pour mettre en valeur le met.

J’ai découvert ensuite, que le tout est également équilibré du point de vue nutritionnel pour apporter au corps tous les nutriments essentiels. Bouillons vitaminés, protéines végétales, légumes fermentés, algues et alginates en tout genre, tempura de champignons et autres petits légumes sauvages, et toujours la petite prune umeboshi qui fait du bien au boubou aussi.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont inventé le Goma-tofu. Un tofu fait à base de sésame broyé en poudre impalpable (cette tâche ingrate était attribuée aux novices qui « devaient se faire les os ») et de kuzu, pour son pouvoir épaississant. Leur apportant la quantité nécessaire de calcium assimilable et de vit.E.

Du même aspect que l’insipide tofu mou que nous connaissons tous, celui-ci à une saveur délicate de sésame et se mange à peine trempé dans un peu de tamari, avec du wasabi frais râpé dessus.

Un vrai délice: je tenterai la préparation au retour dans ma cuisine.

Ils ne mangent pas si mal les moines!

Parmi les autres activités proposées, une séance de calligraphie: le recopiage des Sutras (prières) à l’aide d’un pinceau de calligraphe est un exercice très relaxant.

Assis par terre devant un petit pupitre, le moine distribue des feuilles avec le motif à parcourir (et dans mon cas, en plus, une traduction du Sutra en anglais pour que je comprenne ce que je retranscris). Chaqu’un ajoute sur sa feuille son ‘souhait’ (wish), son nom et la date. Puis commence le retraçage des caractères japonais qui pour moi s’apparentent à des dessins, de droite à gauche s’il vous plaît. J’ai beau m’efforcer, je n’en reconnais et identifie les sons que de quelques-uns.

Mais ce n’est pas le but, et l’exercice a un effet apaisant.

A la fin de la séance, toutes les feuilles sont recueillies dans une boite en bois. Et la prière rituelle du matin suivant sera adressée à éxhaucer les ‘whish’ consignés sur les papiers.

C’est d’ailleurs comme cela que j’ai commencé la journée du 24 décembre: réveil à 05:30 et à 6:00 avec les moines dans une brume d’encens qui s’est estompée avec les premiers rayons de soleil de cette froide journée d’hiver.

Ah oui. Détail important. Si les chambres sont chauffées par des réchauds au gaz/airco, le seul autre endroit ‘chaud’ dans un temple en hiver, c’est le Onsen.

Le reste, étant ouvert aux quatre vents ou alors séparé par une feuille en papier, est à peine à quelques degrés en plus que la température extérieure. Qui ces jours-ci était à 4°C.

Et quand les toilettes sont au fond du loong couloir gelé…et bien on y pense deux fois à sortir de sa couette la nuit. C’est d’ailleurs dans ces cas là qu’on apprécie toute l’utilité de la lunette de WC chauffante!!!

Il faut savoir à ce sujet, qu’en été le Japon est hyper-chaud, 40°C faciles, et très humide.

Les japonais partant du principe très pragmatique que, quand il fait froid, on peut toujours se couvrir, mais l’inverse n’est pas vrai…et bien toutes les constructions sont étudiées pour maximiser la circulation d’air et garder la structure fraîche en été (juillet-septembre).

Et tant pis si il fait froid en hiver, on rajoutera une couche de plumes.

Le double vitrage on ne sait pas ce que c’est….Ah oui, et pas de ‘chauffage’ tel que nous le connaissons avec des radiateurs.

Mais cela est plus lié aux tremblements de terre fréquents: donc tuyauteries réduites au minimum indispensable, souvent apparentes pour pouvoir repérer facilement une fuite.

Il en va de même avec les câbles électriques dans les rues, qui pendent généralement en de joyeux gribouillis de fils. C’est plus facile à reconnecter si il y en a un qui lâche pour une secousse un peu plus forte.

Smart.

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Publié par

MadameCiao

Gourmande, voyageuse et pharmacienne-nutritionniste de formation je jongle entre plaisir, santé et équilibre. J'essaye de vivre au plus près de la Nature, en écartant l'Artificiel, tant en cuisine que dans le reste. Et partager les bonnes trouvailles est un de ces petits plaisirs qui n'ont pas de prix...

2 réflexions au sujet de “Noël dans un Temple Bouddhiste”

  1. J’adore te lire, merci pour le partage! J’avoue que ce genre d’expérience (en lieu et place de la dinde et des cadeaux) ne me déplairait pas 🙂 Ah et le tofu de sésame, là, je veux bien goûter!! Bizouxxx

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  2. Fabuleuse Nanie !!! c’est quand que tu reviens dis … ???? Tu écris à merveille tu sais ! … A suivre absolument !! … tu en fais des découvertes , on arrive plus à te suivre ; cela a une odeur de merveilleux ce que tu vis en ce moment , peut on te souhaiter plus et d’autres merveilles pour 20017 ? après je redoute que ce soit l’espace ou la lune qui mobilise tes énergies ? Super Bravo tu sais .. ici on s’incline !! bisous ! taitai

    Aimé par 1 personne

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